Ottobeuren

Ottobeuren c'est tout le contraire de die Wies. Autant die Wies est tout en mouvement et tout en dynamisme, autant Ottobeuren est solidement ancrée. L'histoire est rapide à retracer. C'est une église de couvent appartenant à l'abbaye bénédictine d'Ottobeuren fondée au 8ème siècle déjà mais qui était assez riche au 18ème siècle pour que, histoire de fêter ces mille ans d'existence, elle s'offre une nouvelle carrosserie.

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La première pierre a été posée le 5 mai 1711 et la consécration solennelle a eu lieu le 28 septembre 1766. Pour mettre un bâtiment préexistant au goût du jour, et en même temps pour refaire les bâtiments conventuels, cela a été une énorme entreprise qui a coûté très cher. Cinquante-cinq ans ont été nécessaires pour mettre à bien ce qui est certainement l'un des plus grands ensembles rococo du monde. Les architectes étaient Johann Effner et Johann Michaël Fischer. Comme on disait, Ottobeuren est l'anti-die Wies. Ottobeuren c'est l'église assise qui a mille ans de racines et qui parle pour mille ans de légitimité. Cette splendide église a une longue nef centrale, un grand maître-autel, une croisée de transept et un bras de transept: le plan est parfaitement traditionnel. La croisée du transept est occupée par quatre grands piliers dans lesquels on a logé les momies des quatre saints patrons d'Ottobeuren. L'ensemble de sa fresqueture est grand, l'architecture et la peinture y sont utilisées grandiosement, mais l'on n'y retrouve pas le ton et la beauté de die Wies où il y a comme un souffle évanescent. A Ottobeuren on ne le retrouve qu'à l'instant où on s'arrête de regarder l'ensemble pour ne saisir que le détail. Et cela plus précisément dans les stucs !

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Les stucateurs d'Ottobeuren ont été parmi les plus grands qui soient. Ils étaient élèves d'Anton Sturm et s'appelaient Weinmüller et Feichtmayr. L'ensemble de la chaire est soutenu par un ange que Weinmüller a recouvert de cet enduit dans lequel entrait une part importante de lait de façon à lui donner ce côté presque laqué et marmoréen et qui du coup devient surnaturel parce qu'on dirait du marbre qui vole. La stucature arrive ici certainement à son paroxysme de trompe-l'oeil, surtout servi par l'inventivité de Weinmüller. Au-dessus des fonts baptismaux un groupe sculpté nous montre le baptême du Christ. En bas un très curieux dialogue entre un ange et un putto, le tout dans un jeu étonnant de cartouches et d'envol de nuages. Les chapelles latérales de l'église sont marquées par les figures d'anges et les grandes figures d'archanges qui sont essentiellement dues à Weinmüller et à Feichtmayr. Il faut avoir du stuc une connaissance parfaite pour oser une telle prouesse. Ces anges aux ailes étrangement déchiquetées, avec leurs mains si maniéristes, cela est impossible dans toute autre matière que le stuc. Ici nous sommes à un apogée qui ne sera jamais imité. Dans la sculpture il était très à la mode de voir une ambiguïté totale. Il paraît que les anges d'Ottobeuren étaient censés provoquer de rares émotions...

 

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